Quand les portiques de sécurité de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) se sont mis à sonner, Bertrand B. a brandi sa carte professionnelle de CRS. En signe de faveur, les agents de sécurité lui ont proposé d'être fouillé par ses collègues de la police des frontières. Ils ont découvert des enveloppes scotchées le long de l'abdomen, contenant 2 kilos de cocaïne. Après avoir été placé en garde à vue samedi 28 juillet, il a été mis en examen et écroué, mercredi 1er août à Pointe-à-Pitre, pour infraction à la législation sur les stupéfiants.
Agé de 44 ans, Bertrand B. travaillait depuis plus d'une dizaine d'années à la compagnie de CRS 1, basée à Velizy-Villacoublay (Yvelines), une compagnie qui est chargée de la protection des personnalités (motards ou surveillance de bâtiments). Ces dernières années, Bertrand B. y occupait un emploi administratif. La police a démenti, vendredi 3 août les informations selon lesquelles il aurait été affecté à la protection rapprochée de Nicolas Sarkozy lorsque celui-ci était ministre de l'intérieur.
La nouvelle a surpris et ébranlé l'un de ses collègues, qui le décrit comme "discret et jovial". Même s'il avait été précédemment condamné pour des délits routiers, il semblait bénéficier d'une bonne réputation. Bertrand B. a été placé en détention provisoire à Pointe-à-Pitre. Il encourt une peine d'emprisonnement de dix ans et une amende de 7,5 millions d'euros. Il fera l'objet d'une enquête disciplinaire et sera probablement révoqué de la police.
Le policier a été arrêté après un court week-end en Guadeloupe. Parti, le vendredi, d'Orly, il rentrait le samedi, après une nuit sur place. Bertrand B. a effectué plusieurs séjours du même type, au cours des derniers mois. Il justifie ces déplacements par les réductions de prix dont bénéficie son épouse, hôtesse de l'air d'Air France. Arrêtée en même temps que son mari, elle a été relâchée à l'issue de sa garde à vue. Mais un complice a également été mis en examen et écroué.
Selon le vice-procureur de Pointe-à-Pitre, Patrick Desjardins, le CRS servait de "mule", c'est-à-dire de transporteur. Son complice est arrivé de la métropole le même jour par un autre avion. "Il servait d'interface pour éviter que la mule ne soit en contact avec le fournisseur", explique M. Desjardins. Le complice est allé chercher la drogue et l'a apportée à l'hôtel de Bertrand B, qui devait la transmettre à un intermédiaire à son arrivée à Orly.
"C'est la première fois que je vois un policier avec 2 kilos de cocaïne scotchés sur lui, explique le vice-procureur. Cela arrive, mais en général, c'est sur ordre de leur hiérarchie pour piéger des trafiquants."
Source Le Monde
dimanche 5 août 2007
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